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LES PLAQUES D’IDENTITÉ DE L’ARMÉE FRANÇAISE

Jusque-là inexistante dans les rangs de l’armée française, l’idée de plaque d’identification est née aux États-Unis, au cours de la guerre de sécession. Adoptée en Allemagne dès 1869, ce n’est qu’en 1874 que la mise en place d’une plaque d’identification pour le soldat français est évoquée (traité d’hygiène militaire du médecin G. Morache).

Elle sert à identifier les tués. Le modèle 1881 a la forme d’un ovale de 3,5 cm sur 2,5. Sur une face est inscrit le nom et le prénom du soldat ainsi que la date de la classe de recrutement ; sur l’autre face, le nom de la ville de subdivision de région d’incorporation et le numéro de registre matricule du recrutement.

Les inscriptions figurant sur la plaque sont les suivantes :

      • Nom, prénom
      • Date et lieu de naissance
      • Département et domicile
      • Numéro et désignation du corps de troupe
      • Numéro de matricule
Extrait du journal de la gendarmerie du 1er novembre 1883

 

Le 12 octobre 1883, une circulaire du ministère de la guerre diminue et simplifie les inscriptions présentes sur la plaque.

Recto : nom, prénom usuel (remplacé par le premier prénom porté sur son état civil dès janvier 1884) et classe
Verso : l’indication de la subdivision de région et du numéro de registre matricule du recrutement
La ligne horizontale disparaît.

Au début de la guerre, le soldat n’en perçoit qu’une réalisée en aluminium. Il la porte autour du cou grâce à un cordon noir plat. Le 14 mai 1915, il est décidé de fournir à chaque homme une seconde plaque d’identité comportant les mêmes inscriptions que la première. Cette nouvelle plaque est réalisée en maillechort car il s’est avéré que l’aluminium a le défaut de se désagréger après plusieurs mois en terre (cette matière sera d’ailleurs définitivement abandonnée à partir du 27 avril 1916). En cas de décès, une plaque est jointe à l’acte de décès alors que la seconde reste sur le corps. Rapidement, les hommes prennent l’habitude de porter cette nouvelle plaque au poignet, montée par leurs soins sous forme de bracelet. Cette mesure leur parait nécessaire en raison du grand nombre des décapités dont on ne retrouve pas la plaque. Cependant, ce n’est qu’en mai 1918 que la seconde plaque sera réglementairement modifiée avec 2 trous et une chaînette, pour être portée au poignet.

En 1917 est mise à l’étude une plaque d’identité avec pour objectif de réunir les 2 plaques en une. Cette nouvelle plaque est adoptée le 12 juillet 1918, trop tard pour être distribuée significativement au cours du premier conflit mondial. La plaque d’identité modèle 1918 sera massivement distribuée à partir des années 1920. Toujours fabriquée en maillechort sa forme se rapproche plus du cercle que de l’ovale. Prévue pour être portée au poignet gauche, la rainure centrale formée de 10 trous permet de casser la plaque tout en laissant le bracelet en place.
Les informations présentées sont les mêmes que sur le modèle précédent :
Recto : Nom, prénom et classe
Verso : Centre mobilisateur et numéro de registre matricule.

Plaque d'identité modèle 1918

LA PLAQUE DE PRISONNIER DE GUERRE

 

Absolument pas réglementaire à l’armée française mais portée par des milliers de soldat français au cours de la seconde guerre mondiale, la plaque allemande de prisonnier de guerre. Chaque prisonnier de guerre est enregistré dans le premier camp par lequel il passe. Sa plaque et son matricule le suivent ensuite au gré de ses “affectations”.
De forme rectangulaire, elle mesure 6 cm de large pour 4 cm de haut et est gravée sur une face. Sécable, elle fonctionne sur le même modèle que la plupart des plaques d’identité. En cas de décès, la partie supérieure (celle accrochée au cou) reste sur le corps tandis que la partie basse suit le parcours administratif.

Plaque d'identité prisonnier de guerre

LA PLAQUE MODÈLE 1950

La plaque modèle 1918 va être distribuée règlementairement jusqu’à la fin des années 1940 et l’apparition d’un nouveau modèle de plaque d’identité.

Bien plus grande, la plaque modèle 1950 est en quelque sorte un retour en arrière puisqu’elle est destinée à être portée autour du cou. Toujours sécable, la forme est arrondie sur les 2 cotés qui reçoivent le trou pour le passage de la chainette.

 

Les inscriptions évoluent, notamment au niveau du matricule. On retrouve néanmoins nom, prénom et groupe sanguin (pas systématique).

  • Le numéro de matricule est plus complet. Il contient les informations disparues par rapport à la plaque modèle 1918. Il faut le “lire” de la manière suivante (de gauche vers la droite) : ex. 8455020028
  • 2 chiffres de la classe (l’année des 20 ans) : ici 1984
  • 3 chiffres pour le département de recensement (pour la métropole seuls les 2 premiers sont à prendre en compte) : ici le département 55
  • Le 6e chiffre est le trimestre de recensement : ici 2e trimestre
  • Numéro enregistré au registre matricule : ici le 0028
Plaque d'identité modèle 1950

LA PLAQUE MODÈLE 1993

Au début des années 1990, décision est prise de modifier la forme de la plaque d’identité. Après 40 années de service la plaque modèle 1950 laisse sa place à la nouvelle plaque modèle 1993.

Dans le fond, pas de changement particulier. Les deux bords arrondis s’aplanissent et c’est tout. Le contenu n’évolue pas non plus. Sur les plaques modèle 1950, le groupe sanguin est rajouté.

Extrait de l’instruction N° 3426 du 14 août 2003 relative au marquage et au port de la plaque d’identité.
Généralités :  
Dès son entrée en service, tout militaire est doté d’une plaque d’identité, y compris les militaires de la réserve. En temps de crise ou de guerre, le port est obligatoire. Pour les théâtres d’opérations extérieures (OPEX), le port est prescrit par le commandement de la force d’action terrestre. Ce port est obligatoire dès l’embarquement sur voie aérienne militaire et vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant la durée de la mission.

Les maîtres ouvriers cordonniers, équipés d’une machine à graver électronique, sont chargés de la gravure des plaques d’identité.

Les plaques d’identité et les chaînettes sont fournies par le commissariat de l’armée de terre.

Lorsqu’un militaire est décédé au cours d’une opération, la partie détachable est jointe aux valeurs et objets personnels, en vue du règlement de la succession. La partie de la plaque liée à la chaînette reste avec le corps afin d’identifier celui-ci. Dans les autres cas (départ à la retraite, atteinte de la limite d’âge, décès par maladie ou accident…), la plaque d’identité est conservée dans le dossier de l’intéressé. Lorsque le dossier du personnel est expurgé, les plaques d’identité sont reversées aux établissements ravitailleurs du CAT (ERCAT) pour être dénaturées puis éliminées comme vieille ferraille.

La plaque d’identité modèle 1993 est percée sur sa médiane, une ligne de trous permettant de la plier et de la séparer en deux parties égales.

Sur la première ligne margée à gauche et à droite,
– margée huit (8) millimètres à gauche : la mention OFF s’il s’agit d’un officier,
– margée huit (8) millimètres à droite : le groupe sanguin (A, B, O ou AB) établi après une seconde détermination, suivi, avec un intervalle d’écart :
– de la mention NEG pour les sujets à facteur rhésus négatif,
– de la mention POS pour les sujets à facteur rhésus positif.

Sur la seconde ligne éventuellement sur la troisième ligne margée au centre, dans l’ordre, le nom suivi du premier prénom de l’état civil. Pour le personnel féminin, seul le nom de jeune fille est indiqué.

Sur la dernière ligne : le numéro d’identifiant défense (NID), réparti de la façon suivante : deux chiffres, trois chiffres, cinq chiffres, émis par le bureau du service national (BSN).

Norme de gravure :

– type de caractère : ARIAL (ou toute autre écriture bâton) de caractère trois (3) millimètres,
– tous les caractères sont en majuscules, hormis le prénom où seule la première lettre est en majuscule,
– le texte doit être centré.

Extrait de l’instruction N° 3426/DEF/DCCAT/LOG/REG relative au marquage et au port de la plaque d’identité, du 14 août 2003.

  • L’identifiant défense est à “lire” de la manière suivante (de gauche vers la droite): ex. 08 020 40974
  • 2 chiffres de la classe (l’année des 20 ans): ici 2008 donc né en 1988.
  • 3 chiffres pour le département de recensement (pour la métropole seuls les 2 premiers sont à prendre en compte): ici le département 02, l’Aisne.
  • Le 6ème chiffre est le trimestre de recensement: ici 4ème trimestre.
  • Les 4 derniers chiffres, ordre d’enregistrement dans le département de recensement, pour le trimestre précisé.
Plaque d'identité modèle 1993

LES PLAQUES DE LA MARINE

La marine nationale utilise les plaques modèle 1918 pour ses matelots. Sa carrière va être longue puisque distribuée au moins jusqu’à la fin des années 1970. Il existe toutefois une petite différence par rapport à la plaque modèle 1918 de l’infanterie, il faut compter les trous. Les plaques de la marine comportent 11 trous pour la cassure alors que celles de l’infanterie n’en ont que 10. Cette règle n’est toutefois pas absolue et des exceptions confirment la règle (voir plus bas).

Au début des années 1960, les lettres des bureaux de recrutement sont remplacées par des chiffres. Ces deux chiffres sont placés au début du matricule et à lire comme suit :

 01 Cherbourg, 02 Brest, 03 Lorient, 04 Rochefort, 05 Toulon.

Au courant des années 1960, la marine ne conserve plus qu’un bureau de recrutement à Toulon.


Tous les matricules vont de ce fait commencer par 05 jusqu’à ce que les incorporés dans les anciens bureaux maritimes aient quitté le service. Le bureau de recrutement ne sera ensuite plus indiqué. 

Plaque d'identité Marine Nationale modèle 1918
Plaque d'identité Marine Nationale 1980

LES PLAQUES DE L’ARMÉE DE L’AIR

 

Avant 1934, les plaques d’identité utilisées sont du modèle 1918 de l’armée de terre. Le contenu, en termes d’informations renseignées, devait certainement être le même.

A partir de 1934 et de la création de l’armée de l’air, la donne change. Les informations manquent mais il semble que des plaques rondes, à porter autour du cou, aient fait leur apparition en 1936. La plaque modèle 1918 continue néanmoins à être utilisée.


Le personnel volant perçoit les plaques rondes (au nombre de 2) et le personnel au sol, la plaque modèle 1918.

Plaque identité Armée de l'Air modèle 1934

 

Le contenu : Contrairement à l’armée de terre, c’est l’année de naissance du porteur et non sa classe qui est indiquée. La mention “armée de l’air” figure toujours du côté du “matricule”. Le “matricule” est en fait un NIA ou Numéro d’Incorporation Air. Celui-ci est toujours précédé d’une ou plusieurs lettres.

Plaque identité Armée de l'Air modèle 1970